La FAF pour économiser sur le coût alimentaire et valoriser des matières premières locales
Synthèse de l'étude menée par la Chambre d'Agriculture de Bretagne en 2022
En Bretagne, on estime à 1 élevage sur 2 qui fabrique au moins en partie leur aliment porcin*. La fabrique d'aliments à la ferme (FAF) est, plus que jamais, au centre des discussions d'investissement dans un contexte actuel difficile de volatilité du prix des matières premières, de l'énergie et du cours du porc.
En 2022, la Chambre d'Agriculture de Bretagne a publié un état des lieux de la fabrication d'aliments porcs à la ferme en Bretagne. Quelles motivations pour les fafeurs ? Quelles économies ? Quelles matières premières utilisées ? Quelle autonomie alimentaire ? Quels projets d'investissements dans les 5 ans à venir ? Nous avons fait le point pour vous.
Quelles motivations pour les fafeurs ?
L’enquête met en avant 2 motivations principales :
- Economiser sur le coût alimentaire (2/3)
- Valoriser les matières premières de l'exploitation (1/3) surtout si l'empreinte au sol est élevée.
L’ordre de priorité change « lorsque la consommation d’aliments dépasse les 2 300 tonnes par an environ, soit environ 7000 porcs produits par an, la première motivation des éleveurs est d’économiser sur le coût alimentaire. Pour des élevages plus petits, la première motivation est de valoriser ce qui est produit sur l’exploitation. »
Une troisième motivation est de formuler soi-même son aliment.
Quelle fabrication d’aliments ?
Deux approches de la fabrication d’aliments sont présentées :
- FAF avec achats de tourteaux et aliments vitaminés (TAMV)
- FAF avec achats de complémentaires
Les aliments Engraissement et Truies sont les aliments les plus fabriqués :
- 100 % des sites NE/PSE-E fabriquent de l’aliment Engraissement
- 83 % des élevages NE fabriquent de l’aliment Truies
- 63 % des sites NE/PSE fabriquent de l’aliment 2ème âge
- 30 % des sites NE/PSE fabriquent de l’aliment 1er âge
Quelles matières premières utilisées ?
Les éleveurs acheteurs de TAMV recherchent avant tout la valorisation des céréales. La quasi-totalité d'entre eux valorise au moins trois céréales (majoritairement : maïs, blé et orge). Ils sont 36 % à valoriser quatre céréales.
Quant à ceux qui achètent des complémentaires, ils recherchent « en général de la simplicité avec des régimes maïs, blé et complémentaire pour l’engraissement et blé, orge et complémentaire pour les truies. »
L’attachement local est fort pour les élevages avec FAF
Les fafeurs ont un lien au territoire très important, notamment en termes d’approvisionnement en céréales. En moyenne, 90% de leur approvisionnement en maïs se fait de manière "très locale", de leur propre récolte, soit d’achats auprès de leurs voisins. Pour les autres céréales, 95 % à 100 % de l’approvisionnement se fait à moins de 50 km.
Quelles économies ?
Plus de 40% des fafeurs réalisent au moins 20€ d'économie par tonne d'aliment fabriqué
« Tout type de FAF confondu, on constate que d’un élevage à l’autre les économies estimées par tonne d’aliment fabriquée ne sont pas les mêmes » :
- 52 % entre 10 et 20 €/tonne d’aliment
- 32 % entre 20 et 30 €/tonne d’aliment
- 11 % pensent réaliser plus de 30 euros d’économies par tonne d’aliment fabriqué
Economies estimées par tonne d’aliment par les éleveurs selon leur type de FAF
Quelle autonomie alimentaire ?
Voici 2 faits qui ressortent de l'étude :
- « Les élevages avec FAF TAMV fabriquent en moyenne 94 % de leurs besoins en aliments contre 62 % pour les FAF avec complémentaires. Le reste est alors acheté en aliments complémentaires auprès de fabricants d’aliments.»
- « A partir d’un hectare pour 100 porcs produits par an, les élevages atteignent aisément une autonomie alimentaire de plus de 50%.»
Quels projets d'investissements à venir ?
Dans les projets d'investissements des 5 années à venir, 71% des éleveurs ont un projet qui concerne la FAF à venir dont les principaux postes mentionnés sont :
- Le stockage des matières premières : évolutions des capacités de stockage et/ou modes de stockage
- Pour le cœur de fabrique (broyeur - mélangeur)
- Pour la réception des matières premières
Conclusion
Cette étude, conduite par la Chambre d’Agriculture de Bretagne et AIRFAF Bretagne, illustre le point commun des éleveurs porcins fafeurs à économiser sur le coût alimentaire et valoriser des matières premières locales.
Les résultats montrent que les élevages utilisateurs sont très diversifiés tant dans le type, la taille et le lien au sol, que sur la fabrique d'aliments en tant que telle : matières premières utilisées, formulation pour différents stades physiologiques, approvisionnement et stockage, projets d'évolution de l'installation.
D'ailleurs, dans un contexte où les attentes sociétales amènent les éleveurs à investir pour faire évoluer leurs bâtiments, les projets d'investissements sont nombreux et semblent en attester avec quasiment autant d’élevages ayant des projets pour la FAF que pour l’élevage.
Une étude complémentaire serait intéressante pour mesurer précisément le retour sur investissement.
Cet article est une synthèse de l'étude "Etat des lieux de la fabrication d’aliments porcs à la ferme en Bretagne" conduite par la Chambre d’Agriculture de Bretagne et AIRFAF Bretagne en partenariat avec 5 organisations de producteurs présents en Bretagne. Les résultats portent sur 85 élevages bretons dont 24% possèdent une autre production animale (bovins lait, bovins viande, volailles de chair, pondeuse, etc.) interrogés entre mai 2020 et février 2021.
* "En Bretagne, on estime que 53 % des élevages fabriquent au moins en partie leur aliment porcin."